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EN BREF
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La transition numérique dans l’enseignement supérieur soulève des défis cruciaux en matière de préservation de l’environnement. En effet, alors que les établissements adoptent des technologies numériques avancées, notamment les intelligences artificielles génératives, cette numérisation engendre une empreinte carbone qui risque d’augmenter de manière significative. Les conséquences environnementales du numérique incluent une forte consommation d’énergie et des impacts liés à la fabrication des équipements. Cependant, des initiatives émergent pour intégrer des pratiques écoresponsables au sein des infrastructures numériques. Cela passe par la mutualisation des ressources, l’écoconception des équipements, et l’intégration de modules sur la durabilité dans les cursus. Ainsi, bien que potentiellement conflictuelle, la relation entre transition numérique et durabilité peut être harmonisée à travers des efforts concertés visant à réduire l’impasse écologique tout en profitant des avantages pédagogiques offerts par le numérique.
La transition numérique dans l’enseignement supérieur est un processus en cours qui transforme en profondeur les méthodes d’apprentissage et de recherche. Toutefois, elle soulève des enjeux cruciaux pour l’environnement. Face à l’essor des technologies telles que l’intelligence artificielle générative et l’utilisation massive des données, il est légitime de se demander si il est possible d’intégrer des pratiques numériques durables tout en répondant aux besoins croissants de ce secteur. Cet article explorera les implications environnementales de cette numérisation et les mesures nécessaires pour assurer une compatibilité entre les deux enjeux.
Une transformation numérique incontournable
Depuis plusieurs décennies, la numérisation des établissements d’enseignement supérieur prend de l’ampleur. Les systèmes d’information modernes permettent de gérer divers aspects des universités, de la scolarité à la recherche, tout en facilitant la collaboration à distance entre chercheurs et étudiants. La généralisation des plateformes pédagogiques numériques constitue un élément crucial de cette transformation. Ces outils favorisent l’accès à l’information, l’interaction et l’engagement des étudiants, rendant l’apprentissage plus accessible.
Bien que cette transition soit perçue comme un moyen d’améliorer la qualité de l’enseignement, elle doit être examinée sous l’angle de sa durabilité. La numérisation ne se limite pas à des avantages pédagogiques, elle entraîne également une augmentation de l’empreinte carbone et de la consommation des ressources naturelles, principalement liées à la fabrication et à l’utilisation des équipements informatiques.
Les enjeux environnementaux associés à la numérisation
Le numérique représente une part grandissante de l’empreinte écologique des sociétés modernes. En France, la transition numérique est responsable de 4,4 % de l’empreinte carbone nationale, équivalente aux émissions de gaz à effet de serre des poids lourds. Cela inclut les data centers, la consommation électrique et la fabrication des équipements informatiques, qui affichent une progression préoccupante. Les chiffres de l’Ademe (agence de la transition écologique) pointent sur une empreinte carbone de 29,5 millions de tonnes équivalent CO2 en 2021, à laquelle s’ajoute une consommation électrique de 11 % de la consommation totale.
La fabrication de matériels informatiques représente 80 % de l’empreinte carbone du numérique. L’extraction des matières premières nécessaires à leur fabrication entraîne non seulement une pollution des terres et des eaux, mais aussi une consommation d’eau conséquente. Les data centers, par exemple, peuvent consommer d’importantes quantités d’eau pour se refroidir, ce qui pose des conflits d’usage dans des régions où les ressources en eau sont limitées.
Des initiatives pour une approche durable
Devant cette situation, plusieurs initiatives émergent au sein des établissements d’enseignement supérieur pour tenter de concilier transition numérique et soutenabilité écologique. La mutualisation des ressources et l’optimisation des infrastructures font partie des stratégies adoptées. Par exemple, l’Université de Lille a développé une approche visant à regrouper les moyens de calcul dans un seul data center, favorisant ainsi l’efficacité énergétique par rapport à une dispersion des ressources.
D’autre part, des marchés publics sont mis en place pour la gouvernance de l’achat de matériel, intégrant des contraintes environnementales. Cela incite les établissements à opter pour des équipements moins énergivores et plus durables. En outre, des efforts sont faits pour fermer des petits sites de data centers au profit de solutions plus centralisées et efficientes.
Former à la durabilité numérique
Un aspect essentiel de cette transition est la nécessité de former les étudiants et le corps professoral à des pratiques numériques durables. De plus en plus de programmes d’études incluent des modules sur les impacts environnementaux du numérique et la nécessité d’une écoresponsabilité numérique. À l’Université de Lille, par exemple, des unités d’enseignement abordant la fresque du numérique a été introduite pour sensibiliser les étudiants aux enjeux écologiques liés à leurs pratiques numériques.
La formation à la transition écologique pour un développement soutenable est également recommandée pour les étudiants de premier cycle, et prévue pour être intégrée dans l’enseignement à partir de 2025. Les étudiants apprennent non seulement à utiliser les technologies numériques, mais aussi à les aborder de manière critique en tenant compte de leur impact environnemental.
Le débat sur l’usage de l’intelligence artificielle
Avec l’expansion des intelligences artificielles génératives, un nouveau défi se pose quant à leur usage et leur consommation énergétique. L’impact environnemental des IA doit être examiné avec soin. Le recours à ces nouvelles technologies pour des projets menant à une durabilité écologique est crucial. Les intelligences artificielles peuvent en effet faciliter des avancées dans la modélisation des changements climatiques ou dans l’optimisation des ressources.
Dans ce contexte, la question demeure : comment utiliser ces outils technologiques pour améliorer les prévisions climatiques, la gestion des ressources ou la recherche sur des solutions durables, au lieu de les exploiter uniquement pour des objectifs à court terme, comme la recherche de nouveaux forages pétroliers ? La clé réside dans l’éthique de l’utilisation de ces technologies et dans l’orientation donnée aux projets soutenus par l’enseignement supérieur.
Les politiques publiques en faveur de l’écologie numérique
Pour soutenir cette transition vers un numérique plus responsable, la législation et les politiques publiques jouent un rôle fondamental. En France, des réflexions sont en cours sur l’élaboration d’un cadre juridique pour guider la transformation numérique dans l’enseignement supérieur tout en intégrant des normes écologiques. Cela pourrait permettre d’encadrer l’usage des technologies, d’interdire l’achat d’équipements obsolètes et de promouvoir l’écoconception.
Enfin, des projets comme AltImpact visent à sensibiliser les organisations à l’écoresponsabilité numérique, identifiant de bonnes pratiques allant du domaine personnel à l’organisation institutionnelle. La simple prise de conscience des enjeux environnementaux liés à l’usage du numérique constitue une première étape essentielle dans ce chemin vers une éducation plus durable.
La convergence entre la transition numérique dans l’enseignement supérieur et la préservation de l’environnement est un enjeu complexe mais incontournable. Les institutions doivent impérativement se saisir de cette question pour développer des pratiques ecoresponsables. Cela passe par une formation adéquate, des initiatives innovantes, des politiques publiques adaptées et un engagement proactif vis-à-vis des avancées technologiques. Seul un plaidoyer fort pour un numérique durable permettra de réaliser l’enseignement supérieur de demain sans compromettre l’intégrité de notre planète.
Témoignages sur l’alliance entre transition numérique dans l’enseignement supérieur et préservation de l’environnement
Marie, étudiante en informatique : « En tant qu’étudiante, je suis convaincue que la transition numérique peut être un moteur de transformation pour notre système éducatif tout en respectant notre environnement. J’utilise des plateformes numériques pour mes cours, ce qui réduit les besoins en papier et facilite l’accès à l’information. Cependant, il est essentiel que nos institutions adoptent des pratiques écoresponsables et utilisent des solutions technologiques à faible empreinte carbone. »
Thomas, professeur de sciences de l’environnement : « Je vois quotidiennement comment le numérique peut avoir un impact positif en éducation. En intégrant des modules sur l’impact écologique des outils numériques dans mon enseignement, j’encourage mes étudiants à réfléchir à l’importance d’adopter des pratiques durables. L’utilisation d’outils numériques ne remplace pas la responsabilité humaine, au contraire, elle doit coexister avec la préservation de la planète.
Clémence, responsable des systèmes d’information dans une université : « Notre université s’est engagée à réduire son empreinte carbone en adoptant une approche durable dans sa transition numérique. Nous avons investi dans des infrastructures de cloud computing optimisées pour l’énergie et cherchons à mutualiser nos ressources pour éviter les doublons. Chacune de nos initiatives doit être synonyme de progrès pour nos étudiants tout en préservant la nature. »
Julien, chercheur en intelligence artificielle : « Nous sommes à un tournant. La montée en puissance des intelligences artificielles génératives pourrait exacerber notre empreinte carbone. Il est impératif d’adopter une démarche proactive. Par exemple, je m’investis dans des projets qui privilégient l’utilisation de l’IA pour des défis environnementaux, comme l’analyse des données climatiques. La question est simple : comment utiliser cette puissance technologique pour favoriser un développement soutenable ? »
Sophie, coordinatrice des initiatives écoresponsables : « Au sein de notre campus, nous avons mis en place des ateliers pour sensibiliser les étudiants et le personnel sur les implications environnementales de la numérisation. Il est crucial que chacun prenne conscience de son rôle dans la réduction de l’impact écologique de nos actions numériques. Le futur de l’enseignement supérieur doit être synonyme de durabilité et d’innovation. »
